De quoi participent les participes ? Enjeux d’une forme dans Mémoires d’Hadrien de M. Yourcenar
Résumé
Au nom de quoi s’intéresser aux participes passés en fonction adjectivale dans les Mémoires
d’Hadrien de Yourcenar ? Soit la phrase : « J’aimais l’arôme des viandes rôties et le bruit de
marmites raclées des réjouissances de l'armée […]. » Le participe permet de se représenter un
geste, des corps, des instruments qui raclent la marmite ; le lecteur peut reconstituer une scène
et les actants qui la peuplent. Le rapport entre un participe passé adjectivé et le nom dont il
dépend intéresse la question métaphysique par excellence des rapports toujours tendus entre la
substance et le temps. L’adjectivation du verbe et sa soumission à un nom caractérisent la
poétique de Yourcenar, puisque toute son écriture offre une méditation en acte sur le grand
drame par lequel une substance (une idée renvoyant à l’être profond des choses) rencontre le
temps, et sa puissance dénaturante. C’est à ce type de calcul sémantico-stylistique, concernant
l’emploi des participes passés adjectivés, qu’est consacrée cette étude. On espère ainsi entrer
dans le laboratoire de l’écriture ; on voudrait reconstituer des choix stylistiques pour en
comprendre la logique. Dans un premier temps, il nous faudra donner quelques indications sur
le participe passé ; elles permettent de rendre compte des ressources stylistiques que
Yourcenar y a trouvées. Puis, différents types d’emplois seront dégagés et analysés, en
fonction des jeux de commutation qu’offre chaque série de participes.
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