La comparaison a ses raisons… Hadrien-Yourcenar et la manie évaluative
Résumé
Dans la ressaisie de soi et du temps par les mots qu’opère Hadrien, le locuteur des Mémoires
d’Hadrien, la comparaison joue un rôle crucial, car elle manifeste très explicitement le travail
de la pensée à même la langue. Dire qu’une chose ou une situation ressemblent à une autre,
malgré les différences pourtant évidentes qu’elles présentent, c’est poser l’existence d’une
relation par-delà les contiguïtés arbitraires ; c’est affirmer la puissance de l’esprit sur la
disparate des phénomènes. Dans une oeuvre littéraire, le travail de la pensée tend à se donner
comme un effet d’art. Ainsi la comparaison fait-elle miroiter la possibilité qu’une idée juste (à
tous les sens du mot, à la fois exacte et moralement motivée) soit aussi une idée belle. Ce
dispositif exigeant prétend obtenir beaucoup : et pourtant, la comparaison est décriée par
rapport à la métaphore, jugée moins didactique. C’est aussi une figure de pensée fragile, prise
et compromise dans l’ordre du discutable, ce que résume le lapidaire comparaison n’est pas
raison. Cette tension entre l’ambition affichée par la comparaison et ses limites attestées
semble plutôt gommée qu’exhibée par le style de Yourcenar. Peut-on considérer que cette
confiance (peut-être excessive) vouée aux prestiges de la comparaison est un trait du style de
Yourcenar ?
Domaines
Littératures
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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