Normes et conventions : Des dispositifs de régulation aux formes organisationnelles de gouvernance - Université de Lille Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2013

Normes et conventions : Des dispositifs de régulation aux formes organisationnelles de gouvernance

Résumé

Norms and conventions. From collective regulation mechanisms to organisational forms of governance. Following on from the work of Jean-Daniel Reynaud on the regulation theory which allows exchange, communication, entry into contracts and creation of rules with the existence of conflicts within a social group, we make the observation that the project mode can be "a new form of sociology of action, establishing as the major characteristic of the social actor his autonomy, i.e. his capacity to build social rules and to agree thereto" (Reynaud, 1991 : 13). We subscribe to the social cognitive perspective which "focuses on the significance of social factors in the regulation of cognitive activity developed by a subject. [...] Cognitive activity does not result only from processing of information; it is also social in the sense that it falls within a context of social relationships" (Lauriol: 5). This approach combines the three characteristics of the organisational cognition approach, to which the interactions among actors and the context of action are added. These interactions and this context are already at the heart of the logic of action (Habermas, Crozier, Friedberg) and of social logics, which are themselves based on the forms of relationships (Bernoux, Herreros, 1996). The entire dimension of the system is considered here for analysis of the group dynamic and of individual or collective strategies. A dynamic where individual representations and conditions of collective production of knowledge are the markers of understanding of the forming of social action (Ward, Reigen, 1990). In this article, we therefore intend to cross the notions of norm, cooperation and convention. This is a recent theoretical attempt. It is noteworthy that in 1999, Armand Hatchuel emphasized the link between cooperation and convention by using the focal point theory of Schelling which "describes a situation of collective conception without revision" (Hatchuel, 1999: 198). According to Schelling, the focal point is the point of convergence which results from the interaction of the members of the group and which is collectively accepted as a solution following cognitive construction. This solution itself is the result of a learning process, characterized by Schön (1997: 167) of a "behavioural world which can more or less influence common reflection which is essential to any reliable communication". The value of this approach which is a cross between the logic of action in project governance and cooperation/convention will, in the long run, be to isolate that an interpretive rationality (consisting of various factors such as the history of the group, artefacts, rules, representations, conventions and procedures) makes it possible to clear up uncertainties. Authors such as Denise Jodelet, Serge Moscovici and Jacques Lauriol have already identified the objectivization and polarization processes which offer a group the possibility of reaching a consensus within margins of disagreement (according to the socio-cognitive meaning of interpretive rationality which presupposes materialisation of knowledge and of its meaning in the organisation with a view to action). We considered it worthwhile to open the work on organisational communication to this analysis as it is inherent to the decision-making of the actors. In fact, many authors (Giddens, 1997; Hatchuel, 1997; Reynaud, 1997) have shown that rules are at the heart of a collective organisation, however, one can only observe that rules alone do not constitute an organisation, given that the collective entity does not entirely comply with the rule which can be a partial and restrictive response in action (as a form of registration of mobilizable collective knowledge), hence the social dimension. Beyond the regulation theory, the organisation exceeds the holistic vision where, according to Emile Durkheim, the individual is not determined by the whole of which he is a part, but where social facts explain other social facts. Holism where individual behaviours are socially determined in a relational vision of the world. The theory of conventions does not adopt the individualistic vision of Max Weber either, which opposes Emile Durkheim and which considers that the individual can change according to his own will which pushes him to act independently from his context, (the issue of free will), is also challenged. But a rule, like a convention, calls for interpretation (Reynaud B, 1998) which stems from negotiation and is transformed throughout social life (Giddens, 1987). We emphasized that cooperation modes in collective action Favereau (1995) go beyond the framework of the organisation, the place of production and productivity, to move towards a more social space that combines norms, conventions, learning and collective knowledge.
Dans le prolongement des travaux de Jean-Daniel Reynaud sur la théorie de la régulation qui permet l'échange, la communication, l'établissement de contrats et de règles avec l'existence de conflits dans un groupe social, nous dressons le constat que le mode projet peut être " une nouvelle forme de la sociologie de l'action, posant comme caractéristique majeure de l'acteur social son autonomie, c'est-à-dire sa capacité de construire des règles sociales et d'y consentir " (Reynaud, 1991 : 13). De plus, nous adhérons au courant de cognition sociale qui " s'intéresse au poids du social dans la régulation des activités cognitives développées par un sujet. [...] L'activité cognitive ne résulte pas uniquement de processus de traitement de l'information ; elle est aussi sociale au sens où elle s'inscrit dans un contexte de relations sociales " (Lauriol : 5). En effet, cette approche combine les caractéristiques de l'approche de cognition organisationnelle auxquelles s'ajoutent les interactions entre les acteurs et le contexte d'action. Interactions et contexte qui sont déjà au centre de la logique d'action (Habermas, Crozier, Friedberg) et des logiques sociales, elles-mêmes reposant sur les formes de liens (Bernoux, Herreros, 1996). C'est la dimension entière du système qui est ici considérée pour l'analyse de la dynamique de groupe et des stratégies individuelles ou collectives. Dynamique où les représentations individuelles et les conditions de la production collective des connaissances sont les marqueurs de la compréhension de la formation de l'action sociale (Ward, Reigen, 1990). Nous envisageons dans cet article de croiser les notions de norme, coopération et convention. Cette tentative théorique est récente. En effet, notons qu'en 1999, Armand Hatchuel tisse un lien entre la coopération et la convention en s'appuyant sur la théorie du point focal de Schelling qui " décrit une situation de conception collective sans révision " (Hatchuel, 1999 : 198). Le point focal étant, selon Schelling, le foyer de convergence qui résulte de l'interaction des membres du groupe. Il est retenu collectivement comme solution suite à une construction cognitive. Cette solution résulte d'un processus d'apprentissage caractérisé par Schön (1997 : 167) de " monde comportemental qui peut plus ou moins influencer la réflexion commune qui est essentielle à toute communication fiable ". L'intérêt de cette démarche croisée entre la logique d'action dans la gouvernance de projet et la coopération/convention sera, à terme, d'isoler qu'une rationalité interprétative (composée d'éléments variés comme l'histoire du groupe, les artefacts, règles, représentations, conventions et procédures) permet de lever les incertitudes. Des auteurs tels que Denise Jodelet, Serge Moscovici ou encore Jacques Lauriol ont déjà identifié les processus d'objectivisation et de polarisation qui confère à un groupe la possibilité de parvenir à un consensus, dans le respect des marges de désaccord (au sens sociocognitif de la rationalité interprétative qui suppose la matérialisation des connaissances et de leur signification dans l'organisation en vu d'une action). Il nous a en effet semblé intéressant d'ouvrir les travaux en communication organisationnelle vers cette analyse car elle est inhérente à la prise de décisions des acteurs. En effet, de nombreux auteurs (Giddens, 1997 ; Hatchuel, 1997 ; Reynaud, 1997) ont démontré que les règles sont au cœur de l'organisation collective, toutefois, force est de constater que seules les règles ne sont pas constitutives d'une organisation car l'entité collective ne se conforme pas entièrement à la règle qui peut être une réponse partielle et contraignante dans l'action (en tant que forme d'inscription d'un savoir collectif mobilisable), d'où la dimension sociale. Au-delà de la théorie de la régulation, l'organisation dépasse la vision holiste où, selon Emile Durkheim, l'individu n'est pas déterminé par le tout dont il fait partie, mais où les faits sociaux expliquent d'autres faits sociaux. Holisme où les comportements individuels sont socialement déterminés dans une vision relationnelle du monde. La théorie des conventions ne retient pas non plus la vision individualiste de Max Weber, s'opposant à Emile Durkheim et qui considère que l'individu peut changer selon sa volonté qui le pousse à agir indépendamment de son contexte, (question du libre-arbitre), est aussi remise en cause. Mais la règle, de même que la convention, requièrent une interprétation (Reynaud B, 1998), issue d'une négociation et se transforment tout au long de la vie sociale (Giddens, 1987). Nous mettrons en exergue dans cet article que les modes de coopération de l'action collective (Favereau, 1997) outrepassent le cadre de l'organisation, lieu de production et de productivité, au bénéfice d'un espace plus social qui mêle les normes, les conventions, l'apprentissage et les savoirs collectifs.
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Origine : Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-00825890 , version 1 (24-05-2013)
hal-00825890 , version 2 (22-07-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00825890 , version 1

Citer

Elizabeth Gardère. Normes et conventions : Des dispositifs de régulation aux formes organisationnelles de gouvernance. Communiquer dans un monde de normes. L'information et la communication dans les enjeux contemporains de la " mondialisation "., Mar 2012, France. pp.86. ⟨hal-00825890v1⟩
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