Peut-on définir l’écrivain comme un sujet préoccupé par la vérité et peut-on appréhender les vérités que rechercherait cet écrivain ? C’est précisément la question (modeste, opératoire) que pose Jacques Bouveresse dans La Connaissance de l’écrivain Agone, Marseille, 2008, p. 85 : « Une fois qu’on a accepté l’idée que la littérature peut constituer, elle aussi, un secteur de la recherche de la vérité, le problème principal est qu’on est en droit de demander une explication concernant le genre de vérité qu’elle cherche à atteindre et les raisons pour lesquelles celle-ci ne peut être atteinte que par les moyens que la littérature utilise pour y parvenir. » Le pari de cette étude consiste à créditer l’oeuvre de Toussaint de la possibilité d’être soumise à un tel questionnement, si ambitieux. On ne peut préjuger de la valeur de la vérité de l’oeuvre et de la façon dont elle peut, ou ne peut pas, répondre à la question que Bouveresse lui adresse ; mais il serait dommage de se dérober à l’approche critique préconisée par le philosophe ; elle peut en effet alimenter le débat qu’une oeuvre contemporaine, non encore désignée à l’admiration unanime de la communauté des lecteurs, est en droit de susciter. L’enquête portera donc sur le genre de vérité ou d’erreurs, d’éclaircissement ou de confusions, que l’oeuvre de Toussaint est susceptible de produire.