«. La-chanson-est-un-duo-Énonciatif-au, . Tu, and . Sache-que-je, Le débat, tendu, porte sur la nécessité ou non de la médiation en amour ; faut-il oui ou non se dire « je t'aime ? » Le texte fait le procès du langage. À l'être aimé, homme ou femme, il reproche de promouvoir une pensée close, ennemie de la liberté. « Il y a des ombres dans

«. Auguste-retraite-»-À-vienne and . Loin-de-paris, La chanson est fortement chronologique ; les semaines s'égrènent, au sein de la poétique durée de l'automne. Mais le coeur battant de la chanson, ce n'est pas, je crois, l'alternance du désir, besoin de distance, envie de fusion, diastole, systole, qui est l'inusable rythme de l'amour. Le coeur battant du texte se révèle non sur le papier

L. Réponse-immédiate-de-la-cantrice, . Moi, ». Je-suis-bien,-je-suis-bien, ». La-voix-sociale-de-la-cantrice-qui-dit-«-je-suis-bien, and . Qui-veut-le-faire-croire-aux-autres-et-s-'en-persuader-elle-même, un « je suis mal » plus véridique, un « inavouable inavoué » et cependant avoué, audible, bouleversant. Goldman utilise l'ellipse ; Barbara, l'ambivalence. Mais c'est la même aporie de l'amour qui se dit ainsi, la même thèse sur l'amour qui se reprend, se module d'une chanson à l'autre. Comment quitter l'autre et espérer qu'il vous attende encore ? Comment penser que les aspirations d'un je successivement épris d'exil et de retour seront celles d'un tu, à qui le je de la cantrice émancipée ne demande guère son avis ? Comment aimer l'autre autrement qu'à partir de soi ? Nouvelle contradiction? Suffit-il d'écrire des lettres pour la dissoudre, cette contradiction ? Ou faut-il invoquer d'autres mots, plus ailés, plus nobles, mieux incarnés ? Dans Vienne, mieux que dans Goldman, j'entends le conflit indépassable de la cantrice et de la chanteuse, du texte et de la voix d'or vivant. La cantrice est la femme ordinaire qui confie, par les mots, ses espoirs, ses fragiles certitudes, ses désirs capricieux comme l'automne, changeants comme le sont tous les désirs. Elle doute. Va-t-il revenir ? Elle a échangé une souffrance (celle de la présence de l'aimé) contre une autre (son absence) ; entre ces deux douleurs, le temps délicieux du répit ; Vienne, quelques jours, juste le temps de jouir de la liberté qu'elle s'est donnée. Mais la chanteuse, elle, ne doute pas : elle sait qu'elle a le pouvoir retenir l'autre, de le prendre et de le quitter et de le reprendre à sa guise ? car l'arme magique de la voix agit, et l'amant, pas plus que le public, n'y résiste. Et l'auditeur est à jamais confus, ravi et déchiré, ravi par le monde des certitudes surnaturelles que promet la voix, par cette liberté qu'elle proclame, par cet engouement qu'elle suscite, et déchiré quand même par la contingence véridique des mots, de la prose, plate, par cet ordinaire de la vie qui n'en est pas le dimanche, le beau dimanche ensoleillé, par ces mots qui ne sont pas de la musique, du corps, mais du signe, imprimé, du noir sur du blanc Grisaille des mots ; sublime du chant. Où est l'apparence ? Où est le réel ? Dans le corps vivant de la voix ? Dans le signe ambigu de la lettre ? Qui tranchera ? Reprenons et concluons. La chanson d'amour, comme un ballet de sorcière, fait tournoyer un petit nombre d'interrogations infinies reprises sur l'amour et le rôle qu'il peut ou doit jouer dans nos vies. Faut-il consentir ou non à l'amour ? Quand, avec qui, à quelles conditions ? Faut-il aimer en parole ou en silence ? Le temps qui fait penser, qui fait passer (la paronomase est de Gainsbourg) de Paris à Vienne, est-il l'ami ou l'ennemi de l'amour ? L'autre, l'aimé, est-il mon ami, mon ennemi ? De la rive lointaine ou proche de son altérité, me connaît-il, m'aime-t-il, mieux que moi-même ? Comment décider ? Il est aussi raisonnable que désespérant de renoncer à l'amour. La promesse de réconciliation que nous murmure l'amour, même sur l'oreiller éphémère d'un hôtel sans prestige, au bord d'une autoroute, estelle oui ou non crédible ? Ah, que vienne l'heure où tous les dualismes, le moi ET l'autre, la chair ET l'esprit, le temps ET l'éternité, la parole ET le silence, se résorbent dans l'unité d'un « je t'aime », prononcé ou mystiquement tu Au regard de l'absolu que chacun porte en soi, le réel vaut-il la peine d'être vécu ? La chanson échoue dramatiquement à produire une réponse. C'est ce dramatique échec qui est beau ces grandes questions qui font la vie, que pèse une chanson ? On l'écoute, on l'oublie ; elle revient ; elle vous hante ; on l'oublie encore ; elle change suivant votre humeur ; comment s'y fier ?, par les mots qui tremblent et qui se perdent on ne peut dire ce que les disciples disent au Maître : « Vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » ; car la chanson n'a les parole de rien, ni de l'éternité ni de la vérité ; elle n'a pour elle que la fluence des jours. Autant dire : rien. Mais en ta compagnie