La figure d'Eros dans la Théogonie d'Hésiode
Résumé
Éros est présent d'emblée dans la Théogonie d'Hésiode comme force qui pousse à se projeter hors de soi. Le présenter sous la forme paradoxale du plus beau des dieux qui défait les membres et dompte la volonté souligne sa nature contradictoire de puissance à la fois négative et positive, par laquelle la destruction de l'identité amène à l'accomplissement d'un être autre. Quand ce mouvement concerne des identités nettement constituées, il produit du neikos. Celui-ci n'est pas présenté comme une puissance primordiale, dans la mesure où il n'est qu'un effet de cette tension qui met en action l'histoire des dieux. Éris est, quant à elle, une figure secondaire de ce conflit fondamental ; elle découle de la forme définie, « socialisée » que prend la pulsion du désir avec la naissance d'Aphrodite. L'histoire des dieux, que reproduira celle des hommes, est toutefois présentée désormais de manière analogique à la nôtre, dont elle crée les conditions de possibilité. Reste que le conflit, inséparable du désir, est dès le début et demeure par la suite, d'abord chez les dieux, puis lorsqu'il est transféré chez les hommes, le moteur permettant au monde de ne pas se figer dans une immuabilité qui condamnerait le cosmos à la mort.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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